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Fathi Mhadhbi

Le corps

 Longtemps, j’en ai pris soin tel un serviteur dévoué dans le temple de Bouddha

Lui rognant les ongles chaque fois qu’il tentait de s’évader vers sa nature première

Vers la tribu des loups dans les montagnes

Lui rasant les aisselles avec le plus grand soin de peur de blesser les sentiments de ses enfants émanant lentement des traits de sa colonne vertébrale

Dressant les chamois de ses contradictions

En secret

De peur qu’il ne devienne fou d’un coup

Et qu’il ne tombe telle  une étoile filante

Dans une mare puante

Le consolant chaque fois qu’il se trouve déçu par sa nature d’imparfait,

De crainte qu’il ne s’éclipse comme un poisson dans un océan

Ou qu’il ne disparaisse dans la jungle du revers

Chaque fois qu’il est trahi par les autres et hanté par les sens en pleine lumière,

Il adresse ses prières au Septentrion,

Fuyant les chaînes du doute vers la chaire des mots

Il croît comme un sycomore

Ou un guépard qui émonde sa prose quotidienne à l’orée de la forêt

En attendant le passage des aïs

 Pour les attaquer

Il vole dans les ténèbres et je le poursuis sur le dos d’un rock

De peur qu’il ne commette un massacre dans le nid des pigeons

Ou qu’il ne remplisse son panier de sommeil de ses cauchemars

Il débordait de canots de femmes,

De longs répertoires de noms de houris,

Et, sur le sable de ses soucis, il y avait des traces de la sirène

Il va vers les philosophes, l’âme boiteuse

Chaque fois qu’il essaie de fixer le regard sur la face de la vérité,

Et de lire les mouvements du subconscient au miroir,

Il est porté par le jour et la nuit tel un otage

Puis tué par sa nostalgie de la métaphysique

De ses propres mains, il construit et détruit son propre couvent

Et dans les bars , il fond en pleurs

Des monstres polis viennent des rides de vieillards lui rendre visite

Il part vers la nuit des débuts

Laissant des larmes de  mystiques

Sur la table des causes premières

Le monde partant dans son cycle nihiliste

Je le consolais comme un parrain

Lui promettant le fruit de la transmigration

Le néant est une porte à l’existence

Où la substance se renouvelle dans l’absence

Nous hanterons le trépas comme si c’était un voleur

Les clés de l’éternité grinçant dans nos poches

C’est ainsi qu’il part déployant ses ailes,

Vers sa nature première

Triste, le cœur brisé

Comme des milliers de lampes dans le jardin

Tu dormiras seul dans le noir

En attente d’un miracle

Tandis que le néant hurle dans le désert.



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