Fathi Mhadhbi
Le corps
Longtemps,
j’en ai pris soin tel un serviteur dévoué dans le temple de Bouddha…
Lui rognant
les ongles chaque fois qu’il tentait de s’évader vers sa nature première…
Vers la
tribu des loups dans les montagnes…
Lui rasant
les aisselles avec le plus grand soin de peur de blesser les sentiments de ses
enfants émanant lentement des traits de sa colonne vertébrale…
Dressant les
chamois de ses contradictions
En secret…
De peur
qu’il ne devienne fou d’un coup…
Et qu’il ne
tombe telle une étoile filante
Dans une
mare puante…
Le consolant
chaque fois qu’il se trouve déçu par sa nature d’imparfait,
De crainte
qu’il ne s’éclipse comme un poisson dans un océan…
Ou qu’il ne
disparaisse dans la jungle du revers…
Chaque fois
qu’il est trahi par les autres et hanté par les sens en pleine lumière,
Il adresse
ses prières au Septentrion,
Fuyant les
chaînes du doute vers la chaire des mots
Il croît comme
un sycomore…
Ou un
guépard qui émonde sa prose quotidienne à l’orée de la forêt
En attendant
le passage des aïs
Pour les
attaquer
Il vole dans
les ténèbres et je le poursuis sur le dos d’un rock
De peur
qu’il ne commette un massacre dans le nid des pigeons…
Ou qu’il ne
remplisse son panier de sommeil de ses cauchemars…
Il débordait
de canots de femmes,
De longs
répertoires de noms de houris,
Et, sur le
sable de ses soucis, il y avait des traces de la sirène…
Il va vers
les philosophes, l’âme boiteuse…
Chaque fois
qu’il essaie de fixer le regard sur la face de la vérité,
Et de lire
les mouvements du subconscient au miroir,
Il est porté
par le jour et la nuit tel un otage
Puis tué par
sa nostalgie de la métaphysique…
De ses
propres mains, il construit et détruit son propre couvent…
Et dans les
bars , il fond en pleurs …
Des monstres
polis viennent des rides de vieillards lui rendre visite…
Il part vers
la nuit des débuts
Laissant des
larmes de mystiques
Sur la table
des causes premières…
Le monde partant
dans son cycle nihiliste…
Je le
consolais comme un parrain
Lui
promettant le fruit de la transmigration…
Le néant est
une porte à l’existence
Où la
substance se renouvelle dans l’absence…
Nous
hanterons le trépas comme si c’était un voleur
Les clés de
l’éternité grinçant dans nos poches…
C’est ainsi
qu’il part déployant ses ailes,
Vers sa
nature première…
Triste, le
cœur brisé…
Comme des
milliers de lampes dans le jardin…
Tu dormiras
seul dans le noir…
En attente
d’un miracle
Tandis que
le néant hurle dans le désert.